À l'époque des réseaux sociaux, de la socialisation qui va toujours plus vite, la timidité n'a pas bonne presse. On a tendance à toujours vouloir arrêter de faire preuve de timidité, changer d'attitude pour se montrer plus extravertie ou à l'aise en société. Pourtant, la timidité peut être très utile. On peut même donner l'impression d'être timide alors que c'est tout autre chose qui se joue. Je vous donne ici les avantages de la timidité.
L'injonction à s'affranchir de la timidité
Vous avez remarqué, quand on parle de timidité, le plus souvent, c'est pour s'en éloigner :
- L'expression "Je suis timide mais je me soigne"
- Les conseils qui fleurissent pour nous aider (ou nos enfants) à vaincre la timidité
Donc je pose la question : pourquoi vouloir à tout prix "ne plus être timide" ?
Certainement pour répondre à une tendance actuelle qui consiste à se montrer sûre de soi, à l'aise avec les autres, à s'affirmer, à faire preuve de présence, de charisme... Les réseaux sociaux y sont pour beaucoup : s'exposer à un public, se mettre en scène, tant de nouvelles normes sociales qui se mettent en place.
Du côté des enfants, les premières injonctions à se libérer de la timidité arrivent parfois dès la maternelle, voire la crèche ! Pourtant on constate que naturellement certains enfants sont plutôt "fonceurs" et d'autres plutôt "en retrait". C'est ainsi que fonctionne l'équilibre des sociétés, sans que personne n'en souffre, a priori.
D'ailleurs, ce que l'on prend pour de la timidité a des avantages.
Quand la timidité est utile
Je prends l'exemple de ma fille de 2 ans :
En privé elle parle beaucoup, mais face à des personnes qu'elle voit moins souvent, il lui faut un temps avant de prononcer un mot. Elle ne semble pas inconfortable pour autant, elle sourit, elle se pose, elle s'occupe de son côté, elle observe. Et quand elle le décide, elle devient un véritable moulin à paroles.
Ma première réaction a été de me demander comment faire en sorte qu'elle se sente à l'aise dès le début pour parler... et puis en fait, non !
Ce comportement, d'observer, jauger, tâtonner avant de se lancer, elle l'a déjà adopté pour la marche. Certes elle a pris son temps, mais quand elle s'est mise à marcher, c'était avec assurance et confiance en elle.
Alors pourquoi bouleverser son rythme lorsqu'elle rencontre de nouvelles personnes ? Besoin d'analyser avant d'agir avec sûreté, pourquoi pas ! D'autant que je me reconnais dans cette façon de procéder.
De manière plus générale :
Les personnes qui observent et analysent avant d'agir ou de parler, et qui donc peuvent passer pour des personnes timides (elles le sont peut-être, ou pas !) sont surtout des personnes réactives. Elles ont besoin de comprendre la situation pour agir en fonction du contexte, des personnes présentes etc. C'est tout à fait OK de fonctionner de la sorte.
A l'inverse, des personnes plus proactives ont une facilité à prendre le lead, être force de proposition, s'affirmer et s'imposer. C'est aussi OK de fonctionner de la sorte.
L'équilibre réside dans la complémentarité des personnes proactives et réactives.
Timidité bloquante ou timidité aidante ?
Comme pour tout comportement, il n'est ni bon ni mauvais en soi. La question à se poser est : ma timidité (ou mon attitude assimilée à la timidité) est-elle une aide ou un frein ?
- Si la timidité dont vous ou votre enfant fait preuve est bloquante, désagréable, empêche de faire des choses ou de se sentir bien, alors il y a plein de solutions pour s'en libérer (la thérapie, entre autres)
- Si la timidité vous permet des choses : agir en conscience, vous adapter, vous sentir à l'aise, en sécurité, qu'on vous laisse tranquille, etc. RESTEZ COMME ÇA ! Ne changez rien, si cela vous convient, même si cela va à l'encontre de l'injonction à une socialisation totale et immédiate
Vos ressentis, vos choix, votre timing !